dimanche 13 janvier 2008

L'hôtel du libre-échange, de Feydeau

c'est ce que je suis allée voir ce soir, et j'ai bien ri.

C'était la première fois que je voyais une pièce de Feydeau, inculte que je suis, et je ne m'attendais pas à ça. Un humour presque gras, en tout cas populaire.


L'histoire en quelques mots, pour les non-culturés : un mari (Pinglet) dégoûté de sa femme (Angélique) après 20 ans de mariage et qui aimerait bien "se taper" la femme (Marcelle) de son voisin et ami intime (Paillardin) et qui en trouve l'occasion suite à un défi lancé par Paillardin à sa femme lors d'une dispute : en gros, "t pas cap de prendre un amant", "chiche" fait Marcelle, et Pinglet se propose.

Ajoutez à ça le neveu de Paillardin encore puceau et philosophe, que la bonne des Pinglet a envie de décoincer ; Mathieu, un ami provincial des Pinglet, qui bégaie quand il pleut et veut s'incruster chez le couple avec ses 4 grandes filles ; deux garçons d'hôtel un brin débordés/voyeurs/mal organisés, et quelques fantômes/esprits frappeurs/esprits fumeurs...


Le premier acte à l'appartement des Pinglet est un brin longuet, le temps de poser la situation et les personnages, mais le deuxième acte est jouissif, à l'hôtel du libre-échange, qui affiche le ton dans ses prospectus :

"Sécurité et discrétion! Hôtel du Libre-Echange, 220, rue de Provence ! Recommandé aux gens mariés, ensemble ou séparément!"

Et là, entre un vilbrequin chatouilleur/vibromasseur, du vomi, de la suie, des bougies coupées en 2, des tasses de thé, une chaise cassée, un chapeau égaré, une tonne de chassés-croisés, un locataire expulsé, un oeil au beurre noir et la brigade des moeurs, on ne sait plus où donner de la tête, c'est un vrai festival!

Pour le troisième acte, retour à l'appart des Pinglet, après une nuit agitée pour tous et dans tous les sens. S'ensuit une farandole de quiproquos et situations inversées et cocasses.
Tout se termine bien pour tout le monde. A peu près. Hihi.


Un décor sobre et élégant, une gestuelle très soignée et fine (ou pas) : Marcelle Paillardin, le corps toujours en mouvement et tournoyant qui suggère à la perfection ses attentes, mais aussi sa soumission à l'homme ; Pinglot (Clovis Cornillac) tout excité et guilleret en compagnie de Marcelle, et tout petit face à sa propre femme ; Angélique, justement, imposante, autant par la voix que par le corps (toujours campée solidement) ; Paillardin enfin, égal à lui-même, sûr de lui, le corps statique dans une première partie, agité, troublé, énervé, en pleine remise en question dans une seconde partie...

Des comédiens de talent qui incarnent au mieux leur personnage : j'ai adoré le vieux garçon d'hôtel, voyeur et désabusé!


Un seul reproche, mais qui tient sans doute plus de l'auteur que du metteur en scène (le texte a été apparemment très peu retouché) : l'humour est un poil trop insistant (si j'osais, je dirais lourd par endroits), les paroles/situations comiques sont énormément "explicitées" : la première couche fait rire, les suivantes un peu moins.


Mais je n'imaginais tout de même pas que Feydeau avait un sens de la satire et de la dérision aussi aiguisés.


En revanche, j'avais bien imaginé ma place : inconfortable pour mes longues jambes de mannequin/déesse, comme dans tous les théâtres.

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